RENE GIRARD, LA CRECHE ET NOUS
Contrairement à ce que laissent supposer les formes plus ou moins pathologiques de ses contrefaçons contemporaines, le sacré n'a jamais été vécu comme l'étendard d'une quelconque "fierté" patriarcale, identitaire ou civilisationnelle. Le sacré s'origine dans le souvenir d'une situation terrifiante dont la communauté tente de prévenir le retour à tout prix. Il se manifeste comme la distance qu'opère le meurtre fondateur, comme la limite à l'abri de laquelle quelque chose d'autre peut dialectiquement émerger - par exemple l'idée de féminité. Le sacré n'a donc rien à voir avec le "machisme" ordinaire du couple bourgeois ni avec le "virilisme" du fascisme contemporain. Le sacré est une blessure : c'est Œdipe qui est mis à mort parce qu'il est accusé d'avoir commis l'inceste et, pour cette raison, d'avoir répandu la peste dans la cité. Dans cette immense tension dramatique dont se compose l'histo...