mardi 28 décembre 2021

IL FAUT SE LEVER

Quand le langage a brûlé ses derniers vaisseaux et que le réel ne paraît plus qu'un horizon sans retour, il faut se lever...
 

DU BAR ET DE L'ECOLE

Le "devoir de mémoire" a engendré l'image romantique d'un mal absolu, à la fois non reproductible et surdéterminant. Nous en vérifions aujourd'hui les effets : il a stérilisé nos défenses immunitaires contre le règne de l'absurde. La devise d'Auschwitz aurait dû nous alerter sur la nature parodique du mal. Elle ne sert que d'alibi à nos renoncements.

"Le travail rend libre". 
 
"A partir du 3 janvier, consommer debout dans les cafés sera interdit".
 
La violence des mots n'a jamais tué personne, contrairement à la violence qui est faite au langage et par laquelle nous nous mentons à nous-mêmes ou bien nous nous laissons humilier.
 
Sans l'école, rien de tout cela n'eût été possible. Sa principale mission a toujours été, et sera toujours, d'enseigner aux enfants à rester assis. La cour de récréation, sa violence plus ou moins latente, ses lignes blanches encadrant la violence anomique d'individus mimétiquement livrés à leur propre vacuité : ce monde-là est devenu notre monde.
 
La station assise constitue le dernier rempart de l'ordre établi, le triomphe achevé de la "République". Tout est lié. Pour pouvoir interdire aux compatriotes de Jean Moulin de s'accouder au comptoir, il faut absolument que les écoles restent ouvertes.
 
Le grand troupeau de l’Éducation nationale, à la fois geignard et consentant, offre au régime le dernier rideau de troupe qui le protège de la révolution.

L'AVOCAT, LE CRS ET LE THÉOLOGIEN

Politiquement, notre situation tient d'une alternative insoluble.
De deux choses l'une, en effet :
- ou bien la situation est telle que le souverain est en droit de "décider de l'extraordinaire" : dans ce cas, l'état de droit ne s'impose plus et il n'y a aucune raison de maintenir les meetings politiques.
- ou bien la situation n'a rien d'exceptionnel : dans ce cas, on ne voit pas ce qui justifie la suspension d'une liberté aussi fondamentale que celle de se réunir à l'occasion d'un concert.

Incapacité du souverain à se saisir de la "compétence de la compétence", qui explique par exemple notre soumission à un régime monétaire étranger auquel nous n'avons jamais consenti ; contamination systématique (pour ne pas dire systémique) du commun par l'exceptionnel dans le cours de nos vies ordinaires : voilà les deux mâchoires du piège par lequel nous sommes rendus impuissants.

Dans ce continuum d'un genre nouveau, qui efface la dialectique fondamentale du Politique, l’État ne gouverne plus rien. Il est l'instance juridique au moyen de laquelle les détenteurs du pouvoir se sont arrogés la seule prérogative qui leur manquait, celle de faire advenir une réalité en la nommant : un mariage, une filiation, un terroriste, une épidémie... Et maintenant : une station assise différenciée d'une station debout par des CRS qui auront à déterminer, selon leur humeur, l'angle idoine à former par le tronc relativement au bassin ; ou bien encore un office religieux distingué d'une fête foraine grâce aux éclairages théologiques d'un officier de police judiciaire.

Certes, le droit s'est toujours présenté comme une approximation du réel au moyen duquel les interactions humaines sont ramenées à des opérations simples entre lesquelles des équivalences peuvent être établies. Jamais cependant cette approximation ne s'était donnée à ce point pour le réel lui-même, ni n'avait pesé si lourdement sur nos corps et sur nos vies.

mercredi 22 décembre 2021

ZEMMOUR FACE A SES MAÎTRES

 
Au début de ce mois, Zemmour était invité à venir présenter sa vision de l'"unité française" par le très libéral et non moins conservateur "Institut Montalembert". Or, le moins que l'on puisse dire, c'est que dans les arrière-cénacles du catholicisme versaillais, on se déboutonne...

Ici, Zemmour ferait presque pitié : il se prend dans la gueule la réalité de son propre monde. "J'ai sept enfants, je lutte contre le grand remplacement, mais j'ai besoin de réfugiés mineurs pour faire tourner mon entreprise de jardinage. Que proposez-vous pour faire baisser le niveau de vie en France ?", s'entend-il demander.
 
Les extraits ci-dessus me paraissent très intéressants pour resituer Zemmour dans l'univers de déterminations à l'intérieur duquel son discours se reçoit et se construit. L'on comprend, alors, que faire passer Zemmour pour un horrible mangeur d'enfants revient exactement au même que présenter son œuvre avec complaisance, comme s'il s'agissait d' un corpus doctrinal unifié et efficace : ces deux réceptions, pour opposées qu'elles puissent paraître, conspirent ensemble à faire de Zemmour un instrument de l'impuissance politique au service du Marché et de sa Loi.
 
Le discours zemmourien ne relève pas du concept, c'est-à-dire de l'appréhension du réel par la raison. Il est une superstructure du "pécressisme mental".
 
Vidéo complète visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=sCI14wAVPWA

lundi 20 décembre 2021

NOTRE LIBERTE

Ne faisons pas comme si le pouvoir nous ôtait notre liberté. Il nous met dans l'obligation de l'exercer.

Ce que nous comprenons, parce que notre instinct se refuse à tendre le bras au vaccinodrome, c'est qu'il y a quelque chose à consentir.
Mais nous y consentions déjà.
 
A chaque fois que nous poussions la porte d'un hôpital.
A chaque fois que nous payions nos impôts.
A chaque fois que nous inscrivions nos enfants à l'école "de la République".
A chaque fois que nous allions au supermarché faire notre plein de plastique et de pesticide.
 
Aussi moi, quand j'écris ce message.
Aussi vous, quand vous le lisez.
 
Débonnaire jusqu'à présent, le système ne semblait rien nous demander en échange.
Le système : je veux dire l'ensemble des forces qui produisaient ces choses-là.
 
Mais c'est fini, maintenant. César passe à la caisse. Il réclame qu'on lui rende ce qu'il nous a donné.
 
Sous peine d'y perdre nos loisirs.
Sous peine d'y perdre nos amis.
Sous peine d'y perdre notre travail.
Sous peine d'y perdre la vie.
 
Soudain, nous sommes face à nos responsabilités.
 
Accepter le système de production capitaliste.
Ou bien le refuser.
Accepter son mode de détermination de la valeur.
Ou bien le refuser.
 
Accepter ou refuser ce qui distingue le travailleur du fainéant.
Accepter ou refuser ce qui distingue l'utile de l'inutile.
Accepter ou refuser ce qui distingue ce qui produit de ce qui coûte.
Accepter ou refuser ce qui distingue une "charge" d'un "salaire"
 
Alors, la liberté ?
 
La liberté, ce n'est pas de mendier le droit qu'on nous exonère des conséquences de nos choix.
La liberté, ce n'est pas, la semaine, jouer de l'effet de levier sur les marchés financiers et, le dimanche, chanter la messe en latin.
Ce n'est pas détester l'autre ici, quand on vit de ce que nous rapporte son déracinement, là-bas.
Ce n'est pas adorer l'autre tant qu'il est à des milliers de kilomètres, ou bien ici, mais sur un vélo Deliveroo.
 
Soudain, ça n'est plus tenable.
Soudain, ça devient une question de vie ou de mort.
 
Je peux.
Ou je ne peux pas.
 
 Quel qu'en soit le prix.
 
C'est ça, la liberté.
 
Qui ne serait pas un alibi.

PLUS EST EN NOUS

Ne prenons pas pour une orchestration les effets d'une accélération.

Certes, il y a des intentions, des intérêts. Mais ces affects, qui se déploient de haut en bas du corps social (du trader qui joue l'effet de levier sur les marchés financiers au prolétaire qui rembourse à grand peine le pavillon avec jardin auquel il a confié sa sécurité), ne font qu’exprimer des logiques sociales qui cherchent à se survivre à elles-mêmes.

Notre modèle républicain post-Seconde Guerre Mondiale est à peu près dans la même situation que l'Ancien Régime en 1789 : c'est un monde de signifiants qui ne ne se rapportent plus à rien et qui entrent en phase de réajustement brutal avec le réel. 
 
Dans ce genre de situation, il ne s'agit pas, comme on on a voulu le croire, de tout changer. Mais au contraire de tout mettre en œuvre pour que rien ne change.
 
Voici donc la cause de notre impuissance collective : dans notre combat contre l'Assassin, nous avons confondu l'arme du crime avec le sang qui a giclé sur les murs. Le masque que nous portons sur le visage n'est pas ce qui nous empêche de parler. Il est ce par quoi notre silence a été manifesté.
 
Et notre silence hurle à la face du monde que toutes les idéologies sur lesquelles nous comptions pour nous défendre n'étaient que le dernier souffle exhalé par notre cadavre.
 
Ce qui était vivant en nous est hors de nous désormais. Il ne faut pas en exciper comme d'un passeport de bien-pensance qui nous confirme dans nos préjugés. Il faut nous faire violence à nous-mêmes pour le reconquérir.
 
C'est un voyage sans retour.
Rien ne sera plus jamais comme avant.
Duc in altum !

jeudi 16 décembre 2021

NOUS NE SOMMES PAS DES "ANTI-VAX"

La goutte de sérum au bout de la seringue n'est pas une substance chimique qu'on pourrait évaluer au moyen de critères purement fonctionnels, comme s'il s'agissait d'un élément nouveau qui aurait surgi par hasard du tableau de Mendeleïev. Cette goutte de sérum contient le monde qui l'a nécessitée, produite et vendue. Elle contient une histoire. Elle contient notre rapport à la mort et au soin, c'est-à-dire ce qu'il y a de plus humain en l'Homme. A mille lieux de tout complot qu'il s'agirait de dévoiler, elle signifie à ciel ouvert l'économie qui l'a rendue possible : l'économie de l'accumulation, l'économie du déracinement, l'économie de la destruction des services publics, l'économie des pouvoirs totaux et de l'isolement entre les êtres.
 
Par conséquent, nous ne rejetons pas ce vaccin parce que nous sommes des "anti-vax". Nous rejetons ce vaccin parce qu'il est une partie d'un Tout. Or nous ne voulons pas que du vrai - l'impérieuse nécessité de s'élever contre l'injection obligatoire - surgisse un moment du faux - l'accomplissement de ce Tout. 
 
Nous rejetons ce vaccin parce que nous voulons rester des Hommes. Nous le rejetons parce que l'Humanité se définit premièrement par son rapport à la mort et aux soins et parce que l'Humanité ne saurait franchir, au nom du lucre et de la peur, les limites au-delà desquelles elle ne serait plus l'Humanité. 
 
De même, nous ne rejetons pas l'obligation vaccinale parce que nous avons peur des effets secondaires ou parce que Pfizer y trouve l'occasion de se remplir les poches.
 
Nous rejetons cette obligation parce qu'elle nous contraint à poser un consentement à ce monde-là et parce que la valeur de ce consentement est performativement démultipliée par le caractère d'obligation qu'on lui donne. 
 
Nous rejetons ce rite parce qu'il est plus qu'une liturgie : il est le sacrement du nouveau contrat social.
 
Joyeux Noël !

 

RENE GIRARD, LA CRECHE ET NOUS

  Contrairement à ce que laissent supposer les formes plus ou moins pathologiques de ses contrefaçons contemporaines, le sacré n'a jamai...