DU BAR ET DE L'ECOLE
Le "devoir de mémoire" a engendré l'image romantique d'un mal absolu, à la fois non reproductible et surdéterminant. Nous en vérifions aujourd'hui les effets : il a stérilisé nos défenses immunitaires contre le règne de l'absurde. La devise d'Auschwitz aurait dû nous alerter sur la nature parodique du mal. Elle ne sert que d'alibi à nos renoncements.
"Le travail rend libre".
"A partir du 3 janvier, consommer debout dans les cafés sera interdit".
La violence des mots n'a jamais tué personne, contrairement à la violence qui est faite au langage et par laquelle nous nous mentons à nous-mêmes ou bien nous nous laissons humilier.
Sans l'école, rien de tout cela n'eût été possible. Sa principale mission a toujours été, et sera toujours, d'enseigner aux enfants à rester assis. La cour de récréation, sa violence plus ou moins latente, ses lignes blanches encadrant la violence anomique d'individus mimétiquement livrés à leur propre vacuité : ce monde-là est devenu notre monde.
La station assise constitue le dernier rempart de l'ordre établi, le triomphe achevé de la "République". Tout est lié. Pour pouvoir interdire aux compatriotes de Jean Moulin de s'accouder au comptoir, il faut absolument que les écoles restent ouvertes.
Le grand troupeau de l’Éducation nationale, à la fois geignard et consentant, offre au régime le dernier rideau de troupe qui le protège de la révolution.
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