samedi 7 août 2021

QUE FAIRE ? (suite)

 

Macron n'est pas un adversaire parmi d'autres, dans la longue lignée de ceux qui nous affligent depuis la mort du général De Gaulle. C'est la vérité du système, dépouillée de ses oripeaux récréatifs ("droite", "gauche", "extrêmes"), et manifestée dans son unité. C'est la somme réalisée de tout ce à quoi nous avons consenti depuis cinquante ans.


Macron c'est Nous.

Le moment est critique : à l'instant même où le "monde d'avant" se déploie dans la majesté de son "retour" transfiguré, il révèle des choses qui n'étaient acceptables que parce qu'elles étaient cachées.

Macron c'est nous, mais nous pouvons devenir les cavaliers de cette "apocalypse".

C'est pourquoi nos manifestations doivent être graves et recueillies, comme il sied à l'expression collective d'une conversion. C'est seulement dans cette mesure qu'elles acquerront une portée insurrectionnelle. Sinon, elles ne seront que l'expression mimétique d'un ressentiment et deviendront la proie de toutes les récupérations et de toutes les manipulations (que certains font profession de craindre pour se donner le prétexte de ne point agir).

Je sais que ma position entraîne des malentendus sur la question de la violence.

Certains s'imaginent que j'appelle à la violence au motif que je connote positivement le mot "insurrection". D'autres, au contraires, me soupçonnent de vouloir noyer les pulsions libératrices de la foule dans la complexité d'une philosophie un peu niaise et compassée.

Ni l'un, ni l'autre !

Je dis simplement que nous devons savoir d'abord d'où nous venons et où nous allons. Si nous le savons, les modalités s'imposeront d'elles-mêmes. Nous n'aurons pas à les choisir, mais à les assumer.

vendredi 6 août 2021

QUE FAIRE ?

"Ils sont en train de nous énerver pour nous faire marcher sur l’Élysée et pouvoir décréter la loi martiale".


En lisant ce genre de propos qui pullulent ce matin sur les réseaux sociaux (ou d'autres, à l'inverse, qui en appellent explicitement à la violence), je constate que beaucoup persistent à analyser la situation présente comme l'affrontement entre deux blocs clairement identifiés, moralement connotés ("gentils" contre "méchants"), équipés d'idéologies cohérentes et de stratégies à très long terme.

Je ne comprends pas l'intérêt de ce genre de prospectives incapacitantes. Nous voyons bien qu'il y a des forces en lutte dans la société, énormes, telluriques. Elles existaient déjà, mais leur jeu s'est déréglé sous le poids accumulé de leurs contradictions, en sorte qu'elles ont cessé de produire un équilibre. La situation qui en découle est d'une complexité extrême. Nul ne saurait en prédire l'issue, ni a fortiori en tirer toutes les ficelles. Personne ne peut se croire en surplomb. Nous sommes tous embarqués.

Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec le réel et avec nous-mêmes, pas avec des "eux", encore moins avec des eschatologies fumeuses et désincarnées, optimistes ou pessimistes, produites par nos systèmes de défense psychologique.

Nous vivons l'un de ces moments où l'Histoire ne nous est plus extérieure.

Que chacun examine avec lucidité ses forces et ses faiblesses, se concentre sur son présent, et se contente de faire ce qu'il estime avoir à faire.

C'est de la formulation et de la coagulation de ces millions de micro-défis, individuellement et matériellement relevés, que découlera notre victoire, selon des modalités qui nous échappent encore et dont nous ne devons, a priori, écarter aucune.

jeudi 5 août 2021

Vaccin et liberté(s)

D'après Macron, nous serions quelques milliers de "radicalisés violents" en "perte de sens".

Nous n'avons pourtant rien demandé à personne.

Nous nous étonnons simplement que dans le pays de Montesquieu, notre liberté de circulation dépende d'un acte médical et d'une certification numérique auxquels, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, nous refusons de consentir.

J'insiste : pour de bonnes OU DE MAUVAISES raisons.

En effet, si fondée soit-elle, aucune rationalité scientifique n'est de nature à justifier moralement l'intromission d'une substance quelconque dans le corps d'autrui en l'absence de son consentement. Imagine-t-on un juge conditionner l'appréciation d'un viol aux qualités personnelles du violeur, au motif que ces dernières seraient de nature à réinsérer la victime dans une vie sociale épanouie (soit dit en passant, c'est bien ce qu'avaient tenté de faire certains éditocrates dans l'affaire Strauss-Kahn...) ?

Pour comprendre l'enchaînement qui a pu déboucher sur un tel désastre anthropologique, négateur de toute morale et de toute civilisation, il faut revenir à l'essence du Politique. Le Politique n'est pas une arène où s'affrontent des rationalités entre lesquelles il conviendrait d'arbitrer. Le Politique est un certain mode d'agencement des rapports de domination qui produit DIALECTIQUEMENT, en vue de leur propre conservation, mais non pas intentionnellement, sur la base d'une idéologie ou d'un "contrat social", le respect de la Personne et le déploiement de son principal attribut : LA Liberté. Dans le champ politique, sous l'effet du mouvement de l'Histoire, cette Liberté se trouve déclinée en une multitude de droits, résultant d'une infinité de petits rapports de force interagissant les uns avec les autres, et qu'on appelait autrefois LES libertéS. Mais LA Liberté, elle, n'est pas une notion politique.

Soyons clairs : prétendre que notre Liberté n'a de sens que si elle s'exerce rationnellement est une évidence à laquelle je souscris de tout mon cœur et de toute mon intelligence. Mais prétendre que le Politique constitue, de soi, le lieu de cette rationalité est un récit masquant notre régression à l'archaïsme le plus violent. Dans ce nouveau paradigme, la raison n'est plus que l'attribut de la puissance, le nom de l'ordre établi, une magie remise au goût du jour.

Il est donc très important que ceux d'entre nous qui en ont les compétences continuent le combat homérique qu'ils mènent dans le champ scientifique pour remettre les chiffres à l'endroit et réinjecter de la rationalité dans le débat. Mais il est aussi très important de comprendre pourquoi cette rationalité est venue à faire défaut et pourquoi, même dans l'hypothèse d'une situation sanitaire gravissime nécessitant des mesures d'exception, le basculement juridique et anthropologique auquel nous assistons serait hautement problématique.
 

 

dimanche 1 août 2021

Mise en garde à mes camarades de lutte sur certains parallèles historiques dangereux

 
En comparant l'Ausweiss sanitaire à l'étoile jaune pour faire pièce à ceux qui leur intentent de mirobolants procès en fascisme ou en antisémitisme parce qu'ils dénoncent la dérive autoritaire du gouvernement, certains de nos camarades s'imaginent faire preuve d'une grande habileté dialectique, doublée d'une salutaire radicalité. Comment pourrait-on accuser d'antisémitisme quelqu'un qui se réclame du stigmate infligé par les antisémites à leurs victimes ?
 
Sentant le terrain glissant, quelques uns s'effraient de ces comparaisons et croient bon de s'en distancier par de solennelles protestations en conformité mémorielle : oui, la Shoah revêt un caractère d’absolu et toute tentative de s'en réclamer pour rendre compte du présent, dès lors qu'elle n'est pas labellisée par le pouvoir en place (Macron à Oradour dans l'entre-deux tours des présidentielles), relèverait d'une arrière-pensée négationniste. 
 
Les uns et les autres commettent une grave erreur qui participe de la confusion, savamment entretenue par le récit officiel, entre l'essence totalitaire et ses formes conjoncturelles. Tout se passe comme si l'ampleur horrifique des conséquences (la "Solution finale") permettait d'occulter la profondeur des causes et de faire oublier qu'une dictature ne découle pas d'un coup d’État, habilement orchestré dans les coulisses par de savants comploteurs, mais d'un effondrement antécédent de toutes les structures politiques qui protègent une société. Le philosophe italien Agamben le démontre très bien : c'est l'état d'urgence permanent, sans cesse prorogé par un régime de Weimar aux abois, qui a créé la "structure mentale" dont Hitler et sa clique ont fini par apparaître comme les seuls dépositaires légitimes. Les nazis n'ont pas inventé le totalitarisme raciste : ils n'ont fait que systématiser, pousser jusque dans ses ultimes retranchements, le consensus intellectuel et scientifique de l'époque. Cette radicalité s'est imposée d'elle-même à partir du moment où ce qui en constituait le substrat a semblé tellement évident qu'il est parvenu à évacuer du champ des consciences tout ce qui s'y opposait si peu que ce soit et qui, dès lors, paraissait une entorse insupportable à l'ordre social.

Pour les mêmes raisons, ceux qui comparent Macron à Hitler font preuve d'un optimisme chronologique démesuré. 2021 n'est pas un remake de 1942, ni de 1939, ni même de 1935, mais de 1932. L'effondrement de la Vème République ressemble davantage à celui de la "Weimarer Republik" qu'à la nuit des Longs Couteaux ou qu'au Congrès de Nuremberg.

Comparer la vaccination obligatoire à la Solution finale revient à nous dissimuler à nos propres yeux la profondeur spécifique du problème qui se pose à nous, comme si nous nous étions laissé intoxiquer par un faux "devoir de mémoire" et que nous attendions de son clergé qu'il nous y fît l'aumône d'un strapontin.

En ce début du mois d'août 2021, nous n'avons pas affaire à la gestation d'un totalitarisme "exclusif", qui désignerait puis éradiquerait un extérieur de la communauté avant d'instituer, entre la "communauté des mêmes", une totalité parodique, mais à un totalitarisme "inclusif" qui définit d'abord une "totalité idéologique" puis rejette dans l'infra-humanité tous ceux qui refusent de s'y conformer. C'est cette "totalité idéologique" dont le vaccin constitue le "sacrement". Aussi, ce n'est pas d'abord pour des raisons médicales que nous devons refuser d'y exposer nos corps, mais parce que ces derniers constituent une frontière sacrée dont l'appartenance à aucune communauté ne saurait être conditionnée au droit de la violer.

Ne pas actualiser, au nom de la fascination exercée par certains événements, notre compréhension du phénomène totalitaire est une erreur intellectuelle et stratégique qui pourrait bien hâter l'avènement de ce contre quoi nous luttons de toutes nos forces.

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PS : Après rédaction, je joins la copie d'écran de deux interventions de BHL dont je viens de prendre connaissance et qui constituent un contrepoint vertigineux à l'illustration originelle de mon article...
 


 

RENE GIRARD, LA CRECHE ET NOUS

  Contrairement à ce que laissent supposer les formes plus ou moins pathologiques de ses contrefaçons contemporaines, le sacré n'a jamai...