Vaccin et liberté(s)
D'après Macron, nous serions quelques milliers de "radicalisés violents" en "perte de sens".
Nous n'avons pourtant rien demandé à personne.
Nous nous étonnons simplement que dans le pays de Montesquieu, notre liberté de circulation dépende d'un acte médical et d'une certification numérique auxquels, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, nous refusons de consentir.
J'insiste : pour de bonnes OU DE MAUVAISES raisons.
En effet, si fondée soit-elle, aucune rationalité scientifique n'est de nature à justifier moralement l'intromission d'une substance quelconque dans le corps d'autrui en l'absence de son consentement. Imagine-t-on un juge conditionner l'appréciation d'un viol aux qualités personnelles du violeur, au motif que ces dernières seraient de nature à réinsérer la victime dans une vie sociale épanouie (soit dit en passant, c'est bien ce qu'avaient tenté de faire certains éditocrates dans l'affaire Strauss-Kahn...) ?
Pour comprendre l'enchaînement qui a pu déboucher sur un tel désastre anthropologique, négateur de toute morale et de toute civilisation, il faut revenir à l'essence du Politique. Le Politique n'est pas une arène où s'affrontent des rationalités entre lesquelles il conviendrait d'arbitrer. Le Politique est un certain mode d'agencement des rapports de domination qui produit DIALECTIQUEMENT, en vue de leur propre conservation, mais non pas intentionnellement, sur la base d'une idéologie ou d'un "contrat social", le respect de la Personne et le déploiement de son principal attribut : LA Liberté. Dans le champ politique, sous l'effet du mouvement de l'Histoire, cette Liberté se trouve déclinée en une multitude de droits, résultant d'une infinité de petits rapports de force interagissant les uns avec les autres, et qu'on appelait autrefois LES libertéS. Mais LA Liberté, elle, n'est pas une notion politique.
Soyons clairs : prétendre que notre Liberté n'a de sens que si elle s'exerce rationnellement est une évidence à laquelle je souscris de tout mon cœur et de toute mon intelligence. Mais prétendre que le Politique constitue, de soi, le lieu de cette rationalité est un récit masquant notre régression à l'archaïsme le plus violent. Dans ce nouveau paradigme, la raison n'est plus que l'attribut de la puissance, le nom de l'ordre établi, une magie remise au goût du jour.
Il est donc très important que ceux d'entre nous qui en ont les compétences continuent le combat homérique qu'ils mènent dans le champ scientifique pour remettre les chiffres à l'endroit et réinjecter de la rationalité dans le débat. Mais il est aussi très important de comprendre pourquoi cette rationalité est venue à faire défaut et pourquoi, même dans l'hypothèse d'une situation sanitaire gravissime nécessitant des mesures d'exception, le basculement juridique et anthropologique auquel nous assistons serait hautement problématique.
Commentaires
Enregistrer un commentaire