lundi 28 février 2022

POUTINE, BHL ET LE PATRIOTE FRANÇAIS

 

L'Ukraine était le chaînon qui manquait dans la jonction des néonazis et des néoconservateurs.

Tout ce qu'il y avait de raciste, d'impérialiste et d'autoritaire dans les sociétés occidentales, après avoir été disséminé pendant soixante-quinze ans dans des camps rivaux, fusionne sous les couleurs bleu et jaune de la "nouvelle Europe" et de son futur "Lebensraum".

Les barbus tchétchènes de Kadyrov dans les faubourgs de Kiev : voilà une image qui terrifie autant BHL que l'extrême-droite racialiste et qui permet à cette dernière, telle un nouveau Bandera, de basculer massivement du côté de l'OTAN et de Macron.

Une fois de plus, en ces circonstances, la nature mimétique de la guerre se révèle et s'accomplit dans une "montée aux extrêmes" qui permet de lever tous les tabous.

Tandis que la Russie de Poutine est fascinée par les cénacles mondialistes dont on ne cesse de la repousser au motif qu'elle "pue des pieds" - expression récemment popularisée par un éditocrate dans le champ du commentariat politique - la France de Macron est fascinée par la logique policière d'un régime dont elle adore reproduire les images sur les Champs Élysées. L'oligarchie occidentale prétend qu'elle se bat pour la paix et pour la liberté. Cependant, un journaliste bien en cour n'a-t-il pas regretté publiquement que nos "démocraties" si fragiles se montrent incapables d'aller "au bout de leur logique", c'est-à-dire de "reporter les élections" et de former l'"union sacrée" derrière le "chef des armées" ? Qu'est-ce donc que cette "logique" en laquelle s'accomplirait la "démocratie" sinon la dictature elle-même ?

De toute évidence, ce n'est pas le capitalisme autoritaire de Poutine qui effraie nos oligarques - ce même capitalisme russe dont un certain François Fillon se voulait un si proche "collaborateur" et par qui le néo-macroniste Chevènement était décoré en 2017 de l'"ordre de l'amitié". C'est une Russie multiethnique qui fait tâche dans les cercles dirigeants de la diplomatie mondiale. Quoi ? Comparer un réfugié ukrainien avec un clandestin syrien ? Une bombe sur Kiev et un raid sur Bagdad ? Un "comme nous" bloqué dans sa Mercedes à la frontière polonaise avec un basané qui traîne sa charrette dans les ruines d'Alep ou de Kaboul ?

La démocratie des oligarques occidentaux n'est pas le contraire de la dictature mais une dictature contraire : une dictature "blanche", "propre", "rationnelle", sous les traits de laquelle puisse enfin se réaliser la si longtemps promise "fin de l'Histoire".

Le patriote français, lui, ne croit pas en la "fin de l'Histoire". Il est aussi éloigné de Poutine que de la cause au nom de laquelle on prétend le combattre. Il veut faire de la politique mais il ne se fait aucune illusion à son sujet. Il danse sur la ligne de feu tandis qu'échoit sur ses épaules le tragique du monde.

Il aimerait fêter Noël au milieu des tranchées.

samedi 26 février 2022

"RETOUR A LA NORMALE" ET "DIVINE SURPRISE"


Être patriote, aujourd'hui, c'est refuser d'avoir à choisir entre les matraques de Poutine et celles de Macron. C'est refuser de s'installer, par amour de l'ordre, dans l'espoir d'un "retour à la normale" ou d'une "divine surprise" - autant de postures qui oblitèrent le tragique par l'attente d'un salut qui viendrait d'ailleurs.

Ne faites confiance ni aux bellicistes ni aux pacifistes, ni à Paul Reynaud ni à Pierre Laval. Eux sont conscients de leurs intérêts. Eux savent pourquoi ils se battent.

Contre vous.

D'ailleurs, au moment opportun, toute honte bue, ils se réconcilieront sur votre dos. Ce sera un formidable tournoiement de vestes, un festival d'absolutions réciproques.
 
Ne vous laissez donc pas abuser par l'opposition factice entre les néoconservateurs otaniens et les poutinolâtres identitaires : ils déguisent derrière des abstractions grandiloquentes une même aspiration à la servitude et au maintien de l'existant. Leur soif de guerre et de sang est aussi inextinguible que la litanie de leurs renoncements est interminable.

N'écoutez pas ceux qui se régalent d'envolées patriotardes après avoir désarmé leur pays et en avoir fait le paillasson des Empires. N'écoutez pas non plus ceux qui vibrent aux accents de l'étranger parce qu'ils comptent sur une intervention extérieure pour les libérer de leurs obsessions intérieures.

Être patriote, aujourd'hui, ce n'est pas se chercher un nouveau maître. C'est œuvrer à la réconciliation des peuples en vue de restaurer la justice et la démocratie dans le périmètre de leurs appartenances respectives.

Nous vivons l'un de ces instants décisifs où patriotisme et démocratie ne font qu'un : c'est vouloir reprendre le pouvoir sur nos vies.

mercredi 23 février 2022

"LES VRAIS PATRIOTES"

Le macroniste Florian Bachelier a déclaré hier sur CNews que "Robert Ménard était un vrai patriote" - brevet décerné au maire de Béziers pour avoir soutenu le président de la République dans la "crise ukrainienne" et dénoncé le "patriotisme de bazar" de ses opposants.
 
Cette déclaration est une bombe dont je m'étonne du peu de retentissement qu'elle a eu dans le Landerneau médiatique. C'est pourquoi je la republie ce matin après l'avoir extraite de l'émission à l'occasion de laquelle elle a été tenue.

Précisons que nous avons affaire - excusez du peu ! - au premier questeur de l'Assemblée nationale, député LREM, proche de Richard Ferrand et d'Eric Ciotti (avec qui il a fait passer en 2021 une augmentation de 15% de la dotation d'hébergement mensuelle des députés !), rendant un hommage appuyé, presque gênant, à l'éminence grise de l'"union des droites".

Une telle indifférence, un tel silence, devant ce qu'il semble d'ores et déjà convenu de recevoir comme une évidence me paraissent signifier un tournant politique majeur dont on n'a pas fini d'apprécier les effets.

Beaucoup s'imaginent que la séquence électorale en cours est un champ clos où s'affrontent, selon le point de vue, "des mondialistes et des patriotes" ou "des républicains et des populistes". En réalité, le cycle qui s'ouvre ne va pas permettre de clarifier les enjeux entre "patriotes" et "mondialistes" mais focaliser le débat autour de surenchères patriotardes dans lesquelles beaucoup se flattent un peu vite de voir une "victoire culturelle" remportée par les "enracinés" contre les "déracinés". La France de Ménard et de Bachelier, de Fourest et de Mila, de Roussel et d'Enthoven, n'est plus qu'un cloaque néoconservateur où mille nuances d'extrême droite s'affrontent sur le point de savoir "laquelle est la plus efficace". Paradoxalement, Mélenchon et Le Pen sont les derniers à vouloir porter à bout de bras, contre vents et marées, une scénographie républicaine, à la fois agonistique et unificatrice, dont plus personne ne veut. Je crains qu'ils ne soient condamnés à regarder passer les trains.

Le "parti de l'ordre" ne se vit plus, symboliquement, comme le dépositaire d'une fiction irénique au nom duquel il serait autorisé à se présenter comme le "cercle de la raison". Dans le nouveau paradigme à l'intérieur duquel il cherche à inscrire sa domination, les images de guerre ne sont plus regardées comme les externalités négatives de la "fin de l'Histoire", comme les dégâts collatéraux d'une "guerre sans l'aimer" à laquelle il aurait fallu se résoudre au nom du "devoir d'ingérence". Alors que croit la paranoïa obsidionale de l'oligarchie à mesure que le mode de production sur lequel elle s'appuie court à sa chute, ces images sont vécues (et donc recherchées) comme l'expression-même de l'ordre social.

On ne mesure pas à quel point il y a un désir de violence dans les profondeurs de la sociologie macronienne : un désir de violence sociale qui se prolonge maintenant dans un désir de guerre. Les macroniens ne cherchent plus à s'adresser au "peuple" en continuant à sacrifier le peu de profits qui sont nécessaires à l'entretien d'une telle fiction. Comme en 1848, comme en 1870, ils veulent démontrer qu'ils sont capables de tout pour mettre au pas les "classes dangereuses". Ce que nous percevons comme une désarticulation du discours est compris par les destinataires de leur propagande comme une promotion assumée de leurs intérêts de caste. C'est un parfum de XIXème siècle qui plane sur la "start-up nation", une odeur étrangement mêlée de sang et de naphtaline. Macron c'est Thiers et les Allemands campent toujours à quelques kilomètres de Paris.

En termes schmittiens, la situation peut s'analyser classiquement comme un "retour de l'ennemi". Mais n'allons pas nous faire d'illusion, ni nous tromper de combat : derrière la figure fantasmatique du "russe" ou de l'"arabe", l'ennemi c'est nous.
 

 

samedi 19 février 2022

POUR PRENDRE DATE


Celui qui renvoie dos à dos Macron et ses opposants sérieux, celui qui affirme que le "passe sanitaire ne sert pas à grand chose", celui qui tremble devant une armée de "boomers" paniqués, ce serait donc lui ce héros providentiel qui serait capable de faire plier l'Europe après avoir affirmé qu'il n'en sortirait pas ?

Quoi qu'en dise l'armée de néoconservateurs qui continuent de prétendre "lutter contre l'extrême droite" au nom de leur "gaullisme social", oui, comme eux, Zemmour est gaulliste ! Mais ils ne sont pas gaullistes de ce gaullisme qui en appelle à l'Empire pour gagner la guerre. C'est le gaullisme ratatiné du "je vous ai compris" et du "Colombey-Les-Deux-Mosquées", le même qui proclamait : "Mais enfin, vous n'imaginez tout de même pas qu'un jour, un Arabe, un musulman, puisse être l'égal d'un Français!"... Ce gaullisme, il suffirait d'une révolution colorée, la première de l'Histoire, pour qu'il tombât comme un fruit mur dans l'escarcelle euro-atlantiste. De Gaulle, dit-on, parlait de "vinaigrette qui se sépare". La vinaigrette se sépara si bien qu'il n'en resta plus que le vinaigre de la soumission giscardo-pompidolienne à la dictature du dollar. Ça pique encore.

Un demi-siècle plus tard, concluant ce malentendu originel dans une farce électorale qui n'a jamais réalisé avec autant de précision le modèle du "piège à cons", Zemmour n'est pas l'anti-Macron mais la poursuite du macronisme par d'autres moyens. Tenu au chaud dans les studios de télévision oligarchiques, il est l'instrument de la répression ultra-autoritaire dont l'empire tutélaire, quelle qu'en soit la figure du moment (chinoise ? russe ? américaine ?), ne voudra pas se salir les mains quand elle aura besoin d'y recourir. La personne de Zemmour, ses qualités et ses défauts, ne sont pas en cause : il offre son nom à des nécessités qui le dépassent et qui, toutes, se ramènent à la survie du mode de production capitaliste.

Même en admettant qu'il ne soit pas nécessaire de parvenir tout de suite à ces douloureuses extrémités, Zemmour aura quand même rempli son office : dépolitiser le pays ; empêcher que les véritables enjeux soient manifestés ; au prétexte de sauver la civilisation, sacrifier sa substance profonde au maintien de l'ordre existant.

Bonne chance à tous les harkis du zemmourisme qui ont défilé dans les rues pendant des mois et qui s'apprêtent à remettre les clés du pays à l'étranger parce que "la démographie, elle, ne ment pas". S'il est probable que leurs intentions sont sincères, ce sont de celles dont l'enfer est abondamment pavé.

samedi 12 février 2022

DE LA PROPAGANDE EN PHASE TERMINALE

Les images produites par le "moment covid" ont ceci de déroutant qu'elles superposent, en des proportions variables et de manière plus ou moins intriquée, trois degrés de propagande.

Le premier degré de la propagande, vieux comme l'Histoire, consiste à faire passer un mensonge pour une vérité. "Le covid est une pandémie très grave : tous vaccinés, tous protégés". Cette propagande ne revêt qu'une perversité très limitée car elle est sous la vigilance permanente du réel : un premier ministre "contaminé par sa fille" alors qu'il avait présenté la double-injection comme un sésame d'immunité, un ministre de la santé à l'isolement après que toute la gérontocratie sénatoriale a bénéficié de ses augustes postillons.

Le deuxième degré de la propagande, très bien décrit par Hannah Arendt, a été illustré par les totalitarismes du XXème siècle. Il consiste à contourner les aléas du consentement en suscitant, par une pratique du mensonge suffisamment permanente et intensive, l'incapacité de croire en quoi que ce soit. Ce sont des empilements d'arguments absurdes et d'injonctions contradictoires : "Le vaccin protège les personnes fragiles des formes graves mais pas de la transmission, donc il faut vacciner les enfants parce qu'ils peuvent transmettre le virus à leurs grands-parents quand ils boivent leur café debout." Ce sont des lapalissades érigées en démonstrations scientifiques pour mieux détourner l'attention d'une vérité gênante : "chez les vaccinés, le risque de formes graves est lié à l'âge ou aux comorbidités, selon une vaste étude" (Le Figaro, 11 février 2022). Désorientée comme une chauve-souris dans un faisceau d'ultrasons, notre intelligence se recroqueville sur elle-même et renonce à lire le réel.

Le troisième degré de la propagande consiste à mettre en scène le consentement à l'humiliation de ceux dont on est supposé obtenir l'obéissance. L'efficacité du récit sur son destinataire ne se vérifie plus à sa capacité de faire passer le faux pour le vrai, ni à le désensibiliser au contact de l'absurde, mais à devenir la propre conscience tétanisée de sa déchéance, la forme ordinairement dégradée de son rapport au monde. L'adhésion consciente à la propagande en tant que propagande est recherchée, vécue et valorisée comme condition de survie de l'ordre social. Dès lors, le destinataire de la propagande signifie, par son seul silence, l'évidence indicible de son triomphe. Si toutefois il lui passait par l'esprit l'étrange idée de vouloir parler, la mise en évidence des mécanismes de propagande ne servirait plus à rien puisque la nudité du roi s'est communiquée à la foule toute entière. La voix innocente de l'enfant, qui résonne dans le conte comme le chemin du retour au réel, serait vécue comme un dévoilement du dévoilement dont le ridicule nous figerait à l'instant dans les raideurs de la mort.

En cet instant où s'apprête à être proclamée parodiquement la "victoire sur la pandémie", voici l'éclat de la vérité devenu le principal obstacle à sa manifestation.

Source des illustrations : campagne de l'ARS Pays-de-la-Loire, 4 février 2022 / campagne des "Jeunes avec Macron", février 2022.
 
 






PAPI ET MOULOUD A LA PORTE D’ORLEANS



Certains, qui défendent le "convoi de la liberté", regrettent que le ministère de l'Intérieur positionne ses blindés devant l'Arc de triomphe plutôt qu'à Saint-Denis... Plutôt que de jauger leurs propres forces à la mesure de celles qui leur sont opposées, ils préfèrent désigner d'autres "méchants" à leurs maîtres. Ce faisant, non contents de mettre en évidence l'infantilisme victimaire qui leur tient lieu de politique, ils démontrent qu'ils n'ont pas bien compris l'état des forces en présence.

Ce qui importe au pouvoir, ce n'est que très secondairement l'"ordre public" au sens où l'entend le Français moyen. La grand-mère qui se fait arracher son sac en pleine rue est une icône, un effet d'estrade, un attrape-mouche électoral. Mais ça n'empêche pas Darmanin de dormir, bien au contraire. Ce qui importe au pouvoir, c'est que les populations soient assignées chez elles, sans possibilité de faire jonction ni de menacer les lieux centraux à partir desquels le pays est tenu. Il n'est qu'une seule exception consentie jusqu'à présent par les autorités, parce qu'ils n'ont aucune profondeur sociologique et parce qu'on peut sans risque les laisser épouvanter le XVIème arrondissement en attendant leur "coming-out" macroniste : ce sont les auxiliaires de police, dits aussi "black blocs". De ce point de vue, aussi longtemps qu'elles sont tenues en lisière par les BAC et par le trafic de drogue, les banlieues sont un modèle d'"ordre républicain".

Cependant, la même logique d'encasernement était à l’œuvre dans les campagnes périurbaines de la "France périphérique", à grands coups de zones pavillonnaires et de crédits immobiliers - le crédit constituant, avec le trafic de drogue, le dernier accès à la liquidité des catégories dominées depuis le début des années 2000. Cette logique aurait pu continuer de produire les mêmes effets si une partie de la population, prise à la gorge par la hausse des carburants, n'avait commencé à sentir le contact avec ses chaînes. Son réflexe, très politique, consiste alors à se réapproprier son territoire par le contrôle, d'abord statique (2018), puis mobile (2022), des nœuds de circulation (ronds-points, péages, routes nationales). Et voici que l’État lui répond, comme en écho à ce qui se hurle dans certains meetings : "vous n'êtes pas chez vous !" Aux portes de Paris, on assiste à des scènes qui renvoient à la vie ordinaire des "quartiers populaires" : contrôles d'identité sauvages, fouilles de coffre aléatoires, confiscations arbitraires. Soudain, Papi qui débarque à la capitale avec son camping-car pour "aller chercher Macron" ne pèse pas plus lourd que Mouloud sur son scooter.

Si, demain, les populations de banlieues, excédées par des méthodes d'administration néo-coloniales qui ont pour fonction de les maintenir en situation de minorité politique depuis quarante ans, venaient à faire mouvement et à opérer une convergence avec la "France périphérique", le pouvoir tremblerait pour de bon. Mouloud sur son scooter n'inquiète pas le pouvoir. Papi dans son camping-car n'inquiète pas le pouvoir. Mais la rencontre de Papy et de Mouloud... c'est une autre paire de manches. Ce n'est plus aux vieux blindés rouillés de la gendarmerie qu'on aurait à faire ce jour-là, mais aux chars Leclerc. Dans une France qui serait en passe de se libérer elle-même, les jours du pouvoir seraient comptés et tous les rêves d'avenir seraient de nouveau permis. Hélas, pour l'instant, l'horizontalisation des luttes entretenue par le spectacle électoral renvoie cette perspective aux calendes grecques.

Demeure une hypothèse, à laquelle les comportements oligarchiques de ce dernier quinquennat donnent un certain crédit : que l’État national, pris à la gorge par des contradictions qui sont sur le point de le faire basculer dans les poubelles de l'Histoire, ne soit tenté de jouer lui-même la carte du désordre pour resserrer les rangs de ceux qui continuent de voir en lui le bras armé de leurs intérêts de classe. A ce point de bascule, une alternative se dessine : ou bien le peuple refait unité et prend son destin en main ; ou bien il s'offre en masse de manœuvre pour liquider les derniers vestiges du passé et, selon la "sage maxime" de Talleyrand - "l'agiter avant de s'en servir" - il tiendra lieu de marche-pied au futur régime d'oppression.

jeudi 10 février 2022

DU CHAPEAU DE LAURENT ALEXANDRE





En Israël, les indicateurs choisis pour pour terrifier la population et la forcer à se faire vacciner se retournent contre le récit officiel. Comment expliquer l'explosion du nombre de cas et de décès quotidiens que fait apparaître l'application de ces mêmes indicateurs dès lors que la quasi-totalité de la population est triplement, voire quadruplement injectée ?

Conformément à la méthode que j’applique ici depuis bientôt deux ans, il n'est pas question pour moi de rentrer dans des querelles de chiffre pour lesquelles je ne suis pas compétent. Je me contente d'analyser le récit dont ces statiques constituent le support narratif et de mettre en évidence, par l'étude de ses variations, la désintégration du langage qui nous affecte. Or il y a ici un merveilleux cas d'école, à observer la manière dont la presse française, prétendant "fact-checker" un "tweet" de Florian Philippot, en est réduite à produire des explications tellement surréalistes que cela revient à manger le chapeau de Laurent Alexandre...

1) Une part importante de décès, nous dit-on, ne serait pas constituée de morts DUS au covid mais de morts AVEC le covid. Cette même explication était jugée "complotiste" quand nous contestions les mesures délirantes que prenaient nos gouvernements sur la base de statistiques gonflées à l'hélium. User du même argument pour justifier une chose puis son contraire relève de la même désarticulation rhétorique que j'identifiais récemment à propos des images. Accessoirement, on comprend mieux, grâce à l'exemple israélien, pourquoi la DREES s'est mise à user du même genre de précautions depuis le début du mois de janvier...

2) Mais ce n'est pas tout ! Il y a encore - rendez-vous compte ! - 6% des plus de 60 ans qui ne sont pas vaccinés en Israël... Ce sont donc probablement ces 6% qui recommencent à mourir tous les jours, juste pour la satisfaction de s'offrir en holocauste à la "science" et de donner raison à Raphaël Enthoven...

mardi 8 février 2022

L'OR GRIS

Peut être une image de 2 personnes et plein air 

ORPEA, KORIAN... des maisons de retraite à 10 000 € par mois où les couches sont rationnées....

Certains font mine de découvrir la lune et de s'en offusquer. Des députés réclament un "droit de visite" équivalent à celui qui leur donne accès... aux prisons. L'urgence est au "contrôle", à la "réforme", à la "fin des abus". Des têtes doivent tomber. Vite !

D'autres haussent les épaules. Qui serait capable de dépenser mensuellement une telle somme sinon des bourgeois ? Bien fait pour eux ! Qu'ils paient au seuil de la tombe les rapines dont leur vie est pleine !

Dans les deux cas, j'observe que le scandale est une planche de salut : il sert à masquer ce qu'il révèle...

La "guerre de classe", ça n'est pas une vengeance, ça n'est pas l'expression d'un ressentiment, ça ne consiste pas à se réjouir qu'à 10 000 € par mois on soit traité comme un déporté dans un camp de concentration. Ça consiste à se demander comment on est parvenu à instituer une société où l'humain, de la maternité où on le fait naître jusqu'au mouroir où on l'enterre, n'est bon qu'à financer sa propre aliénation. Le "cadre sup" à 10 000 € par mois qui vote Macron et qui crache sur les gilets jaunes est le cocu final de cette histoire. Il croit être du bon côté du manche, et il en jouit, mais ce système qu'il a cru bon d'approuver du haut de sa "fausse conscience" (Todd) le broiera comme les autres. Il ne se rend pas compte qu'il est un déclassé en devenir. Il se le cache à lui-même par son mépris social, réciproquement entretenu par la haine que lui renvoie son comportement. Or, ce que révèle justement cette affaire, c'est que 10 000 € par mois ne suffisent pas à s'acheter une dignité dans un monde où tout est devenu marchandise et où l'on s'est soi-même enrichi de la déchéance des autres. A 10 000 € par mois, on ne se finance pas une opération à cœur ouvert sans sécurité sociale, ni une vieillesse digne sans une famille aimante qu’aucun EHPAD ne remplacera jamais, les robinets y seraient-ils en or massif ou la gastronomie digne d'un cinq étoiles.

Nous arrivons au bout d'un cycle où la société ne sait plus rien produire que des lieux d'enfermement à l'intérieur desquels la dépendance humaine, sous toutes ses formes, atteint un degré de concentration suffisante pour être rendue industriellement valorisable. Il ne s'agit plus seulement de punir ceux qui en tirent profit. Il s'agit de penser le monde dans lequel ces profits auraient perdu leur possibilité d'existence.

RENE GIRARD, LA CRECHE ET NOUS

  Contrairement à ce que laissent supposer les formes plus ou moins pathologiques de ses contrefaçons contemporaines, le sacré n'a jamai...