POUR PRENDRE DATE
Celui qui renvoie dos à dos Macron et ses opposants sérieux, celui qui affirme que le "passe sanitaire ne sert pas à grand chose", celui qui tremble devant une armée de "boomers" paniqués, ce serait donc lui ce héros providentiel qui serait capable de faire plier l'Europe après avoir affirmé qu'il n'en sortirait pas ?
Quoi qu'en dise l'armée de néoconservateurs qui continuent de prétendre "lutter contre l'extrême droite" au nom de leur "gaullisme social", oui, comme eux, Zemmour est gaulliste ! Mais ils ne sont pas gaullistes de ce gaullisme qui en appelle à l'Empire pour gagner la guerre. C'est le gaullisme ratatiné du "je vous ai compris" et du "Colombey-Les-Deux-Mosquées", le même qui proclamait : "Mais enfin, vous n'imaginez tout de même pas qu'un jour, un Arabe, un musulman, puisse être l'égal d'un Français!"... Ce gaullisme, il suffirait d'une révolution colorée, la première de l'Histoire, pour qu'il tombât comme un fruit mur dans l'escarcelle euro-atlantiste. De Gaulle, dit-on, parlait de "vinaigrette qui se sépare". La vinaigrette se sépara si bien qu'il n'en resta plus que le vinaigre de la soumission giscardo-pompidolienne à la dictature du dollar. Ça pique encore.
Un demi-siècle plus tard, concluant ce malentendu originel dans une farce électorale qui n'a jamais réalisé avec autant de précision le modèle du "piège à cons", Zemmour n'est pas l'anti-Macron mais la poursuite du macronisme par d'autres moyens. Tenu au chaud dans les studios de télévision oligarchiques, il est l'instrument de la répression ultra-autoritaire dont l'empire tutélaire, quelle qu'en soit la figure du moment (chinoise ? russe ? américaine ?), ne voudra pas se salir les mains quand elle aura besoin d'y recourir. La personne de Zemmour, ses qualités et ses défauts, ne sont pas en cause : il offre son nom à des nécessités qui le dépassent et qui, toutes, se ramènent à la survie du mode de production capitaliste.
Même en admettant qu'il ne soit pas nécessaire de parvenir tout de suite à ces douloureuses extrémités, Zemmour aura quand même rempli son office : dépolitiser le pays ; empêcher que les véritables enjeux soient manifestés ; au prétexte de sauver la civilisation, sacrifier sa substance profonde au maintien de l'ordre existant.
Bonne chance à tous les harkis du zemmourisme qui ont défilé dans les rues pendant des mois et qui s'apprêtent à remettre les clés du pays à l'étranger parce que "la démographie, elle, ne ment pas". S'il est probable que leurs intentions sont sincères, ce sont de celles dont l'enfer est abondamment pavé.
Commentaires
Enregistrer un commentaire