L'OR GRIS
ORPEA, KORIAN... des maisons de retraite à 10 000 € par mois où les couches sont rationnées....
Certains font mine de découvrir la lune et de s'en offusquer. Des députés réclament un "droit de visite" équivalent à celui qui leur donne accès... aux prisons. L'urgence est au "contrôle", à la "réforme", à la "fin des abus". Des têtes doivent tomber. Vite !
D'autres haussent les épaules. Qui serait capable de dépenser mensuellement une telle somme sinon des bourgeois ? Bien fait pour eux ! Qu'ils paient au seuil de la tombe les rapines dont leur vie est pleine !
Dans les deux cas, j'observe que le scandale est une planche de salut : il sert à masquer ce qu'il révèle...
La "guerre de classe", ça n'est pas une vengeance, ça n'est pas l'expression d'un ressentiment, ça ne consiste pas à se réjouir qu'à 10 000 € par mois on soit traité comme un déporté dans un camp de concentration. Ça consiste à se demander comment on est parvenu à instituer une société où l'humain, de la maternité où on le fait naître jusqu'au mouroir où on l'enterre, n'est bon qu'à financer sa propre aliénation. Le "cadre sup" à 10 000 € par mois qui vote Macron et qui crache sur les gilets jaunes est le cocu final de cette histoire. Il croit être du bon côté du manche, et il en jouit, mais ce système qu'il a cru bon d'approuver du haut de sa "fausse conscience" (Todd) le broiera comme les autres. Il ne se rend pas compte qu'il est un déclassé en devenir. Il se le cache à lui-même par son mépris social, réciproquement entretenu par la haine que lui renvoie son comportement. Or, ce que révèle justement cette affaire, c'est que 10 000 € par mois ne suffisent pas à s'acheter une dignité dans un monde où tout est devenu marchandise et où l'on s'est soi-même enrichi de la déchéance des autres. A 10 000 € par mois, on ne se finance pas une opération à cœur ouvert sans sécurité sociale, ni une vieillesse digne sans une famille aimante qu’aucun EHPAD ne remplacera jamais, les robinets y seraient-ils en or massif ou la gastronomie digne d'un cinq étoiles.
Nous arrivons au bout d'un cycle où la société ne sait plus rien produire que des lieux d'enfermement à l'intérieur desquels la dépendance humaine, sous toutes ses formes, atteint un degré de concentration suffisante pour être rendue industriellement valorisable. Il ne s'agit plus seulement de punir ceux qui en tirent profit. Il s'agit de penser le monde dans lequel ces profits auraient perdu leur possibilité d'existence.
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