POUTINE, BHL ET LE PATRIOTE FRANÇAIS

 

L'Ukraine était le chaînon qui manquait dans la jonction des néonazis et des néoconservateurs.

Tout ce qu'il y avait de raciste, d'impérialiste et d'autoritaire dans les sociétés occidentales, après avoir été disséminé pendant soixante-quinze ans dans des camps rivaux, fusionne sous les couleurs bleu et jaune de la "nouvelle Europe" et de son futur "Lebensraum".

Les barbus tchétchènes de Kadyrov dans les faubourgs de Kiev : voilà une image qui terrifie autant BHL que l'extrême-droite racialiste et qui permet à cette dernière, telle un nouveau Bandera, de basculer massivement du côté de l'OTAN et de Macron.

Une fois de plus, en ces circonstances, la nature mimétique de la guerre se révèle et s'accomplit dans une "montée aux extrêmes" qui permet de lever tous les tabous.

Tandis que la Russie de Poutine est fascinée par les cénacles mondialistes dont on ne cesse de la repousser au motif qu'elle "pue des pieds" - expression récemment popularisée par un éditocrate dans le champ du commentariat politique - la France de Macron est fascinée par la logique policière d'un régime dont elle adore reproduire les images sur les Champs Élysées. L'oligarchie occidentale prétend qu'elle se bat pour la paix et pour la liberté. Cependant, un journaliste bien en cour n'a-t-il pas regretté publiquement que nos "démocraties" si fragiles se montrent incapables d'aller "au bout de leur logique", c'est-à-dire de "reporter les élections" et de former l'"union sacrée" derrière le "chef des armées" ? Qu'est-ce donc que cette "logique" en laquelle s'accomplirait la "démocratie" sinon la dictature elle-même ?

De toute évidence, ce n'est pas le capitalisme autoritaire de Poutine qui effraie nos oligarques - ce même capitalisme russe dont un certain François Fillon se voulait un si proche "collaborateur" et par qui le néo-macroniste Chevènement était décoré en 2017 de l'"ordre de l'amitié". C'est une Russie multiethnique qui fait tâche dans les cercles dirigeants de la diplomatie mondiale. Quoi ? Comparer un réfugié ukrainien avec un clandestin syrien ? Une bombe sur Kiev et un raid sur Bagdad ? Un "comme nous" bloqué dans sa Mercedes à la frontière polonaise avec un basané qui traîne sa charrette dans les ruines d'Alep ou de Kaboul ?

La démocratie des oligarques occidentaux n'est pas le contraire de la dictature mais une dictature contraire : une dictature "blanche", "propre", "rationnelle", sous les traits de laquelle puisse enfin se réaliser la si longtemps promise "fin de l'Histoire".

Le patriote français, lui, ne croit pas en la "fin de l'Histoire". Il est aussi éloigné de Poutine que de la cause au nom de laquelle on prétend le combattre. Il veut faire de la politique mais il ne se fait aucune illusion à son sujet. Il danse sur la ligne de feu tandis qu'échoit sur ses épaules le tragique du monde.

Il aimerait fêter Noël au milieu des tranchées.

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