La servitude volontaire a pour vecteur et pour limite la très faible conscience qu'elle a d'elle-même. Rien ne force les gens à obéir mais ils ne veulent pas savoir à quoi ils consentent à obéir, ni même admettre qu'ils sont en train d'obéir. Peu perméables aux appétits de pouvoir de l'oligarchie (la fameuse "common decency" d'Orwell), ils voudraient juste qu'on leur foute la paix, qu'on les maintienne en apesanteur, que "ça" continue. C'est ce qui me rend optimiste. Comme "ça" ne peut pas continuer, le réel va finir par rendre les gens conscients de ce qu'ils n'ont pas voulu vouloir.
CE QUI COULE DANS LES VEINES DE RIMA HASSAN
Tandis que recommencent à prospérer au grand jour, jusqu'à en faire des chansons, les miasmes de laideur et de médiocrité qui empuantissent régulièrement les marécages de notre histoire, voilà ce qui me réconcilie avec l'idée de France, à la fois contre ceux qui en nient l'existence et contre ceux qui la rabougrissent à la taille de leurs obsessions : ce visage où elle se réactualise comme un éternel défi à l'Empire. Partager le même passeport que Rima Hassan, c'est se sentir participer du monde des vivants, vérifier que l'universel humain, malgré le sang répandu et les souffrances infligées, continue de se dire dans cette langue où tant de récits ont fini par se rejoindre et par s'épouser. C'est son être même, son déracinement originel, que Rima Hassan hurle dans la langue qui est la nôtre. Et cela se reçoit comme un trésor qui nous oblige, indépendamment de tous les parasites qui font grésiller la réception du message. Je trouve invraisemblable que ce...
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