La servitude volontaire a pour vecteur et pour limite la très faible conscience qu'elle a d'elle-même. Rien ne force les gens à obéir mais ils ne veulent pas savoir à quoi ils consentent à obéir, ni même admettre qu'ils sont en train d'obéir. Peu perméables aux appétits de pouvoir de l'oligarchie (la fameuse "common decency" d'Orwell), ils voudraient juste qu'on leur foute la paix, qu'on les maintienne en apesanteur, que "ça" continue. C'est ce qui me rend optimiste. Comme "ça" ne peut pas continuer, le réel va finir par rendre les gens conscients de ce qu'ils n'ont pas voulu vouloir.
MAYOTTE, FRANCE, 2024
REQUIEM POUR LA CINQUIÈME Les images et les informations qui nous reviennent de Mayotte dépassent littéralement l'entendement. On dirait que ce confetti de l'Océan indien a été élu par le destin pour que le hasard s'y fasse nécessité. A l'intersection catastrophique de toutes nos crises, des blessures coloniales qui purulent depuis des siècles s'y mêlent à nos impuissances les plus contemporaines dans un chaos de morts et de mots, dans un tourbillon de paniques tétanisées et de valses au-dessus d'un volcan. Il y a quelque chose de vertigineux dans ces moments historiques où tout se télescope et où le réel trop longtemps contenu dans des récits boiteux décompense à toute allure. C'est à Mayotte éventrée que cristallise brutalement la vacance politique dont le conseil municipal de Pau s'est donné à voir comme le théâtre burlesque. A dix mille kilomètres de distance, notre grandeur et notre déchéance se toisent en un raccourci temporel saisissant. L'h...
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