L'erreur des intellectuels libéraux consiste à valider la superposition de l'Etat et de la société, en sorte que, face à la tyrannie croissante des appareils technico-administratifs, ils ne savent en appeler qu'à la souveraineté de l'individu. Or l'atomisation individuelle est précisément ce qui nécessite et aggrave l'emprise de l'Etat sur nos vies, à la fois pour garantir par la force la conservation des rapports de domination engendrés par la prédation individuelle et pour redistribuer le minimum de ressources nécessaires à la préservation de l'ordre social.

L'Etat n'a pas de substance propre. Il est, comme l'indique son étymologie, une situation d'équilibre constatée à un moment donné entre des appétits concurrents, et formalisée par des croyances communes.
Par conséquent, il ne s'agit pas de détruire l'Etat pour libérer l'Etat. Il faut laisser l'Etat se dégonfler en proportion de notre capacité à nous en affranchir en refaisant société.
 
Pour se limiter à un exemple archétypique, il y a belle lurette que la Sécurité sociale n'est plus une "sécurité sociale" mais une "sécurité étatique" sur laquelle les travailleurs n'ont plus aucun contrôle. Son démembrement au profit d'acteurs privés lucratifs n'est pas une émancipation mais un accomplissement dans la servitude. Il ne faut donc pas détruire la Sécurité sociale. Il faut la reconstruire sur des bases nouvelles.

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