Suffrage universel

 Le vote n'a jamais été qu'une procédure de recensement permettant à la bourgeoisie de se constituer politiquement en "demos". Loin d'instituer l'égalité réelle entre les hommes, il trace une frontière infranchissable entre les égaux... et les autres. En France, comme à Athènes, le demos n'est rien qu'une minorité de citoyens régnant sur une majorité d'esclaves dont il s'agit de reproduire à moindre coût la force de production. C'est la compréhension de ce phénomène qui a rendu la bourgeoisie "démocrate" après qu'elle a longtemps proclamé le contraire.

L'événement d'hier soir consiste donc, ni plus ni moins, en l'écroulement d'une fiction juridique. La bourgeoisie se sent suffisamment forte pour renoncer aux (légères) contraintes de l'égalité formelle et ne plus avoir à perpétuer les conditions symboliques d'un suffrage universel crédible. Dans ces conditions, la vie politique française va ressembler de plus en plus à un conclave de cardinaux qui fera survivre la fiction égalitaire en faisant retomber sur le peuple exclu la responsabilité morale de son exclusion ("individualisme", "fainéantise", "indifférence à l'intérêt général"...).
 
2022 se fera sur fond de fumée blanche et d'"habemus presidentem" : le rêve de Tocqueville enfin réalisé après quelques tâtonnements...

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