APOTHÉOSES DE LA VIOLENCE
A l'éviction de toute violence symbolique, exprimée par la police du langage et le déboulonnage des statues, répond dans l'"open society" une intensification croissante des contraintes exercées sur les corps, une pulsion meurtrière déployée à l'échelle industrielle. Notre monde regorge des images étranges que suscite ce surprenant paradoxe.
On refuse les frontières mais chaque individu est barbelé de QR-Codes.
On ne fesse plus les enfants mais on les masque et on les pique parce qu'ils sont susceptibles de "tuer leurs grands parents".
On n'élève plus la voix mais on s'autorise à massacrer un fœtus de neuf mois pour peu que sa mère ait exprimé une "détresse psycho-sociale".
On s'interdit le bocal à poissons rouges mais les trois quarts de ce que nous consommons ont été produits et sacrifiés dans les conditions de souffrance les plus atroces et les plus inhumaines.
D'aucuns interprètent ce souci acrimonieux de la victime pour un amollissement des mœurs. Ils se réconfortent à croire qu'il suffirait d'y répondre par un retour à la "vertu antique", aux "valeurs masculines" ou à l'"autorité traditionnelle". Or, ce que nous observons n'a rien à voir avec une pacification décivilisatrice de nos instincts primitifs. C'est un déchaînement de haine et de violence que relâche le monde en sa vieillesse incontinente. C'est une chasse aux boucs émissaires en fauteuils roulants. C'est la résurgence du sacrifice humain sous les espèces du "catholicisme zombie".
[Réflexion inspirée par la lecture de ce bel article d'Henry War : http://henrywar.canalblog.com/.../01/24/39317852.html...]
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