PATRIOTISME ET LUTTE SOCIALE
Le "grand remplacement" est à la mondialisation ce que le "COVID" est à l'hôpital : une tentative d'écraser la compréhension des causes sous le récit fantasmagorique de leurs effets.
Si l'on posait le problème de la mondialisation en termes politiques, c'est-à-dire sous l'angle de la souveraineté à reconquérir par les peuples contre les oligarchies qui les oppriment, le récit du "grand remplacement" s'évaporerait aussitôt car il serait privé de tout ce qui l'alimente, aussi bien en amont (flux migratoires intensifs liés à l'exploitation mondiale des travailleurs) qu'en aval (désagrégation sociale entraînant toutes les formes possibles de surenchères identitaires).
Il ne s'agit pas de prétendre que les vagues migratoires n'ont pas lieu, ni qu'elles n'ont aucun effet sur la société. Il s'agit de critiquer le récit qui est déployé à leur sujet et qui tend à leur attribuer un rang élevé dans l'ordre des causalités. La société française n'est pas une communauté humaine perturbée par des éléments exogènes, c'est une société désagrégée en profondeur par le marché et qui n'est plus qu'une coexistence d'individus déracinés et dépossédés de leur vie. Il y a bien une crise civilisationnelle. Mais elle n'est pas là où on l'imagine, et c'est justement ce dont le COVID est le nom.
La France n'est pas une essence immuable dont il faudrait créer les conditions d'un retour à l'état initial.
La France est une construction politique dont les déséquilibres antécédents font advenir la perception d'un certain nombre de faits comme des problèmes. Perpétuer la France ne saurait donc se réduire à la désignation de boucs émissaires en son propre sein. Perpétuer la France est une manière d'exprimer, hic et nunc, que nous avons la capacité collective à peser dans les rapports de force qui déterminent notre existence. C'est recommencer à vouloir faire de la politique ensemble. Or l'angoisse identitaire n'est pas un chemin politique : c'est la projection performative de notre impuissance collective.
Recommencer à faire de la politique ensemble ne consiste pas à s'imaginer qu'on a dépassé par la raison l'antique chasse au bouc émissaire ; ce n'est pas non plus nous en fabriquer d'illusoires pour servir d'exutoire à nos pulsions tristes. C'est nommer la guerre qui nous est faite et forger les armes de notre défense : détruire l'Union européenne (et non pas "en sortir"), chasser l'OTAN comme on chasse une armée d'occupation, rétablir un contrôle draconien sur les mouvements de capitaux parce que détruire l'expansion du capital revient à le dévitaliser en le privant petit à petit de ses conditions d'existence.
Il me semble que ce diagnostic partagé devrait pouvoir constituer le soubassement d'un nouveau CNR travaillant à la libération de notre pays tout en jetant les bases de la société juste et conviviale dans laquelle nous aspirons à vivre.
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