DE LA DEPOSSESSION EN REGIME CAPITALISTE

Les gens ont été dépossédés d'eux-mêmes au point de ne même plus percevoir les conditions de leur propre survie. 
 
Du marchand de canons qui se sent prêt à déclencher une guerre mondiale au prix d'une conflagration nucléaire au petit propriétaire qui jugera différemment le plan d'urbanisme de son village selon s'il lui permet de construire un immeuble de rapport à 1 km de chez lui ou s'il risque de subir les désagrément d'un nouveau voisin de l'autre côté de sa rue, ce n'est qu'une longue chaîne d'aliénations réciproquement consenties, un cocktail explosif de ressentiments envenimés et de privilèges à défendre. Vient le moment - nous y sommes - où la tension accumulée à l'intérieur du système touche au point de rupture.
 
On me demande souvent, avec la méfiance qu'éveillent à juste titre les concepts trop généraux, ce que c'est que le capitalisme. C'est ça. Non pas un système tombé du ciel sous l'effet d'on ne sait trop quelle rupture historique, mais le degré de sophistication à partir duquel une civilisation commence à se retourner contre elle-même.
 
***
 
Sous certains rapports, la période actuelle se présente à nous comme un laboratoire d'expérimentations psycho-historiques où s'observe in vitro le déroulement d'un phénomène relativement facile à abstraire mais difficile à admettre dans ses enchaînements concrets : le basculement de toute une population dans une boucherie qu'elle n'a jamais vraiment voulue tout en la désirant très fort. Et haro sur qui sonne le tocsin : c'est lui le traître, c'est lui l'assassin.

Tout se passe comme si un agrégat d'individus politiquement inconstitués capitalisait brusquement, dans un consentement collectif à la guerre, les millions de petits ressentiments qu'ils ne sont jamais parvenus à subsumer dans la conscience d'un tout qui les dépasse.
 
Tu hais ton voisin, tu hais tout ce qui n'est pas toi, tu es incapable de projeter ton existence dans le sentiment d'un quelconque bien commun, fût-ce au niveau de ton quartier ou de ton village, sinon sous la forme d'une bien-pensance dégoulinante... et, paf ! Te voilà sur le front, la fleur au fusil.
 
Tu étais idiot, te voilà mort.
 
 

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