RENE GIRARD, UNE BOMBE AU COEUR DE NOS CROYANCES

Pour René Girard, le sacré ne renvoie à rien de "magique" en quoi il s'agirait de "croire" ou de "ne pas croire". Ce n'est ni quelque chose à quoi il faut "tourner le dos", ni quelque chose vers quoi il faut "revenir". Ce n'est ni plus ni moins que le rendez-vous terrifiant des hominidés avec la conscience et avec le langage, et c'est ce que racontent, chacun à leur manière, tous les grands textes religieux.

Contrairement à l'"immaculée conception du langage" que postulent les structuralistes, cette "exception en cours d'émergence" est saisie historiquement sous les traits d'un coupable dont le sacrifice ramène la paix dans la communauté. Loin de s'opposer à la matière, elle en découle et s'impose dès lors comme le "signifiant transcendantal", comme l'origine du système de différences en quoi consiste la culture. Dès lors, il n'y a pas de transcendance qui "revient" pour "détruire" un quelconque matérialisme. Il y a un rapport au sacré qui a été profondément déréglé par notre croyance en l'innocence de la victime, en sorte que le sacré initialement protecteur et producteur de significations fait régulièrement son retour comme refoulé destructeur et désorganisateur. Je range le positivisme antireligieux dans la catégorie de ces refoulés. C'est une énième tentative de mettre le sacré à distance, qui ne constitue pas une négation du sacré mais renoue avec l'essence même du sacré : une limite qui protège l'ordre social, pour le meilleur et pour le pire.

La pensée de René Girard est une clé qui nous permet de dépasser l'affrontement stérile entre les superstitions du religieux et celles de la science. En ce sens, la pensée de René Girard n'est ni moderne ni anti-moderne. Elle est une bombe au cœur de nos croyances.

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