REQUIEM POUR LA CINQUIÈME Les images et les informations qui nous reviennent de Mayotte dépassent littéralement l'entendement. On dirait que ce confetti de l'Océan indien a été élu par le destin pour que le hasard s'y fasse nécessité. A l'intersection catastrophique de toutes nos crises, des blessures coloniales qui purulent depuis des siècles s'y mêlent à nos impuissances les plus contemporaines dans un chaos de morts et de mots, dans un tourbillon de paniques tétanisées et de valses au-dessus d'un volcan. Il y a quelque chose de vertigineux dans ces moments historiques où tout se télescope et où le réel trop longtemps contenu dans des récits boiteux décompense à toute allure. C'est à Mayotte éventrée que cristallise brutalement la vacance politique dont le conseil municipal de Pau s'est donné à voir comme le théâtre burlesque. A dix mille kilomètres de distance, notre grandeur et notre déchéance se toisent en un raccourci temporel saisissant. L'h...
Sous les yeux de l'Occident terminal repassent à toute allure les fantômes de son histoire : crises de panique qui nous ramènent quelque part entre les angoisses de 1550, quand naquit l’État moderne dans les douleurs de ce qu'on appela rétrospectivement "les guerres de religion", et la "grande peur" de l'été 1789, quand les paysans allèrent brûler quelques châteaux désaffectés et firent place nette à la République bourgeoise. Dans la reviviscence de nos ancestrales terreurs se mûrit le triomphe de nos prochains maîtres. Meilleurs vœux, donc, pour cette année qui s'annonce "magique" sous tous rapports... Courage surtout à tous ceux qui vont essayer de rester droits, qui vont s'agripper au bastingage pour ne pas céder aux sirènes des "désangoissements" frauduleux que les tenanciers de l'Occident terminal ne vont pas manquer de vouloir nous refourguer en douce. La désarticulation de notre commun langage risque d'êt...
Tandis que recommencent à prospérer au grand jour, jusqu'à en faire des chansons, les miasmes de laideur et de médiocrité qui empuantissent régulièrement les marécages de notre histoire, voilà ce qui me réconcilie avec l'idée de France, à la fois contre ceux qui en nient l'existence et contre ceux qui la rabougrissent à la taille de leurs obsessions : ce visage où elle se réactualise comme un éternel défi à l'Empire. Partager le même passeport que Rima Hassan, c'est se sentir participer du monde des vivants, vérifier que l'universel humain, malgré le sang répandu et les souffrances infligées, continue de se dire dans cette langue où tant de récits ont fini par se rejoindre et par s'épouser. C'est son être même, son déracinement originel, que Rima Hassan hurle dans la langue qui est la nôtre. Et cela se reçoit comme un trésor qui nous oblige, indépendamment de tous les parasites qui font grésiller la réception du message. Je trouve invraisemblable que ce...
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