REQUIEM POUR LA CINQUIÈME Les images et les informations qui nous reviennent de Mayotte dépassent littéralement l'entendement. On dirait que ce confetti de l'Océan indien a été élu par le destin pour que le hasard s'y fasse nécessité. A l'intersection catastrophique de toutes nos crises, des blessures coloniales qui purulent depuis des siècles s'y mêlent à nos impuissances les plus contemporaines dans un chaos de morts et de mots, dans un tourbillon de paniques tétanisées et de valses au-dessus d'un volcan. Il y a quelque chose de vertigineux dans ces moments historiques où tout se télescope et où le réel trop longtemps contenu dans des récits boiteux décompense à toute allure. C'est à Mayotte éventrée que cristallise brutalement la vacance politique dont le conseil municipal de Pau s'est donné à voir comme le théâtre burlesque. A dix mille kilomètres de distance, notre grandeur et notre déchéance se toisent en un raccourci temporel saisissant. L'h...
Tandis que recommencent à prospérer au grand jour, jusqu'à en faire des chansons, les miasmes de laideur et de médiocrité qui empuantissent régulièrement les marécages de notre histoire, voilà ce qui me réconcilie avec l'idée de France, à la fois contre ceux qui en nient l'existence et contre ceux qui la rabougrissent à la taille de leurs obsessions : ce visage où elle se réactualise comme un éternel défi à l'Empire. Partager le même passeport que Rima Hassan, c'est se sentir participer du monde des vivants, vérifier que l'universel humain, malgré le sang répandu et les souffrances infligées, continue de se dire dans cette langue où tant de récits ont fini par se rejoindre et par s'épouser. C'est son être même, son déracinement originel, que Rima Hassan hurle dans la langue qui est la nôtre. Et cela se reçoit comme un trésor qui nous oblige, indépendamment de tous les parasites qui font grésiller la réception du message. Je trouve invraisemblable que ce...
J’ai vu. J’ai vu « l’armée la plus morale du monde » mettre en scène la mort de son ennemi comme on assassine un avatar dans un jeu vidéo. J’ai vu des cohortes de voyeurs s’en faire les complices par l’œil du drone tueur. J’ai vu l’ambassade en France de « la seule démocratie du Moyen Orient » répandre sur les réseaux sociaux le trophée du cadavre. J’ai vu des intellectuels et des responsables politiques de mon pays applaudir à ces hourras d’une barbarie sans honte. J’ai vu quelques courageux être traînés en justice pour « apologie du terrorisme » parce qu’ils avaient exprimé une réserve, un malaise, une nuance. J’ai vu un « leader d’opinion » de l’extrême droite identitaire envier les Israéliens qui « assument se réjouir de la mort d’un ennemi mais nous, même pour Merah, les Kouachi et cie... on a intériorisé ». Et se demander tranquillement : « Ça vient d’où ça ? C’est religieux ? Éducation ? Propagande ?...
Commentaires
Enregistrer un commentaire