Tandis que recommencent à prospérer au grand jour, jusqu'à en faire des chansons, les miasmes de laideur et de médiocrité qui empuantissent régulièrement les marécages de notre histoire, voilà ce qui me réconcilie avec l'idée de France, à la fois contre ceux qui en nient l'existence et contre ceux qui la rabougrissent à la taille de leurs obsessions : ce visage où elle se réactualise comme un éternel défi à l'Empire. Partager le même passeport que Rima Hassan, c'est se sentir participer du monde des vivants, vérifier que l'universel humain, malgré le sang répandu et les souffrances infligées, continue de se dire dans cette langue où tant de récits ont fini par se rejoindre et par s'épouser. C'est son être même, son déracinement originel, que Rima Hassan hurle dans la langue qui est la nôtre. Et cela se reçoit comme un trésor qui nous oblige, indépendamment de tous les parasites qui font grésiller la réception du message. Je trouve invraisemblable que ce...
À la manière de beaucoup d'antisémites qui rejoignirent De Gaulle dès 1940, la France est remplie de gens qui répondent à tous les critères du racisme sur le plan du discours individuel mais qui se feraient tuer sur place s'ils étaient confrontés à un régime qui entendait transposer cette attitude au plan des fonctionnements collectifs. Inversement, il existe des gens qui valident sans état d'âme toutes les formes de ségrégations qui résultent du rapport de classe mais qui n'éprouvent pas le besoin d’en délivrer une quelconque traduction rhétorique ou symbolique : pour eux, le « racisé » se perçoit d'abord comme la variable exotique d'un système lucratif. Toute la perversité du débat politique contemporain, source de bien des malentendus, repose donc sur le fait que des racistes authentiques passent à leur temps à délivrer des leçons en racisme à des gens qui ne le sont que par réaction à leur politique. Dans ces conditions, les gogos de la petite bourgeoisie ...
Je l'ai déjà écrit des dizaines de fois, au risque de bien des malentendus : Macron n'est pour rien dans ce qui nous arrive. Avec son narcissisme, sa vulgarité, "sa femme qui est un homme et qui pourrait être sa mère", Macron justifie à son détriment les positions de surplomb qui entretiennent la représentation d'un système perturbé par des facteurs exogènes. Le barrage contre Macron, c'est un motif sacrificiel, la mythologie de notre renoncement, ce par quoi tout le monde est d'accord et personne ne peut s'entendre. A la place de "Macron" il faut mettre "nous" et alors tout s'éclaire – le nous d'un collectif malade dont chaque individu essaie de transférer sa souffrance existentielle sur tous les autres. C'est, après les Gilets jaunes (que je n'ai regardés que de loin), ce que le "mouvement antipasse" a été incapable de faire, produisant le mécanisme autobloquant de nos victimisations croisées : pour les ...
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