Le drame, avec les promoteurs d'une gauche qui se dit "républicaine", c'est qu'après n'avoir pas combattu l'extrême-droite pour les bonnes raisons, et lui avoir systématiquement assimilé, comme "fascistes", tous les défenseurs de la notion de frontière, choisit les plus mauvaises pour la rejoindre (jonction qui peut prendre, selon les cas, la forme d'une alliance ou d'un dépassement... par la droite).
Le mécanisme, fort simple, a déjà été expérimenté plusieurs fois dans l'histoire : confrontée au désordre social qu'elle honnit par dessus tout, et dont la "République" sert de couverture mythologique à la répression policière, la bourgeoisie de gauche voit brusquement dans l'extrême droite un bras armé qui acceptera d'assumer la défense de cette aporie en laquelle se donne à voir la nature profonde du libéralisme : "pas de liberté pour les ennemis de la liberté".
Voilà comment les immigrés, que la gauche n'a pas voulu défendre en tant qu'êtres humains opprimés mais comme alibis chosifiés de la "diversité" et comme miroirs de sa supériorité morale, justifiant que le grand déménagement du monde soit promu comme un instrument d'émancipation, deviennent brusquement une figure honnie de l'altérité dangereuse qu'il convient d'éradiquer de toute urgence ("séparatisme", "misogynie", "antisémitisme")...
Et voilà comment, dans l'éco-systè
me capitaliste, l'extrême-droite a pour fonction et pour destin de vider les poubelles de l'Histoire, avant d'y finir à son tour.
"La gauche est une salle d'attente pour le fascisme", lit-on parfois. En vertu de cet adage, ce n'est pas la gauche qu'il faut combattre, ni le fascisme, mais la dialectique par laquelle ils se nécessitent l'un l'autre et dont seule la destruction du Capital peut nous émanciper.
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