NOËL à MAGDEBOURG
Les informations qui commencent à circuler au sujet du "terroriste de Magdebourg" racontent quelque chose de fondamental qu'a vocation à masquer la querelle de chiffonniers entre l'extrême-droite (dehors les immigrés) et l'extrême-gauche (à bas l'AFD).
La gauche déconstructrice des années 60 était anti-chrétienne : elle se définissait par rapport à un signifié avec laquelle elle entretenait une relation de transgression consciente et riche de significations nouvelles. L'ultra-droite Bolloré est a-chrétienne : elle comble de signifiants creux et frelatés (un "marché de Noël", une "crèche" dans une mairie...) une complète évaporation du signifié chrétien. Rien n'est plus absent au christianisme que l'extrême-droite identitaire : il fallait peut-être un "athée saoudien" pour le faire savoir.
Comme individu sans passé ni futur, le "terroriste de Magdebourg" reflète une génération d'"athées pieux" qui forment les bataillons du fascisme en gestation et dont les vacuités concurrentes n'acquièrent de substance que dans les images qu'elles se renvoient mutuellement. Tout René Girard est contenu dans la figure de ce dépossédé en manque d'être, réduit à détruire ce qu'il adore.
Dans de telles circonstances, les médias ne "mentent" pas au sens où ils chercheraient à dissimuler quelque chose ou à produire l'illusion de ce qui n'existerait pas. Inutile d'accompagner de quolibets cyniques ou de dénégations outragées leurs balbutiantes tentatives de produire un sens quelconque ! Sismographes de notre bêtise systémique, ils se contentent de produire des énoncés réversibles où s'alignent sans logique les résidus de notre langage explosé. Nous sommes rendus au point où le récit se fait la cause de ce qu'il raconte. Quand, par exemple, France Info déclare que l'assassin ne saurait se voir imputé le qualificatif de "terroriste" au motif qu'il serait "peut-être d'extrême-droite", cet énoncé peut-être simultanément vécu comme "islamophobe" (seuls les musulmans sont des terroristes) et comme "islamophile" (l'extrême-droite serait coupable des crimes qu'elle impute aux musulmans). Dans une forme de symétrie parfaite, la même phrase peut être utilisée à des fins opposées par des gens qui affirment y déceler les intentions de leurs adversaires. Le terrorisme se situe donc en aval des embardées linguistiques par lesquelles certains prétendent l'élucider : confronté à la "gorafisation du monde", le terrorisme se présente comme une tentative désespérée d'ajustement au réel, menée par des gens dont la folie se déploie comme une forme ultime de rationalité. Circulairement, le terrorisme apparaît comme la seule explication rationnelle d'un chaos dont il serait insupportable d'assumer le caractère endogène.
L'Allemagne, une "société plurielle" qui serait pour cette raison "multiconflictuelle" ? Non : l'Occident terminal qui se dissout dans sa propre bouille théologico-politique. A Magdebourg s'actualise le souterrain de Dostoïevski.
Joyeux Noël !
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