Réponse à René Chiche sur la "désinstruction"

Cher René Chiche,
 
Au stade de décomposition où nous sommes rendus, je formule l'hypothèse que l'effondrement scolaire qui nous frappe est un problème politique, et non plus seulement éducatif.
 
Le modèle français de l'école républicaine était fondé sur une promesse méritocratique d'ascension sociale, laquelle ne procédait pas d'une intention émancipatrice mais de la nécessité, pour une nation industrielle naissante, de pourvoir à tous les postes d'encadrement intermédiaire que nécessite une économie capitaliste. Il fallait, pour cela, piller les classes populaires de leurs plus brillants éléments, ceux-là mêmes qui constituent la substance d'une communauté humaine civilisée.
 
A partir du moment où la nation n'est plus le cadre juridico-politique adéquat d'une économie capitaliste mondialisée, et que sa souveraineté est chaque jour un peu plus vidée de sa substance, l'école républicaine n'est plus portée par aucune nécessité. Nous n'avons collectivement plus besoin du type d'élites qu'elle avait pour objet de former. Nos meilleurs ingénieurs, formés par les plus prestigieuses de nos grandes écoles, en sont réduits, pour gagner un peu leur vie, à fabriquer des algorithmes pour Airbnb ou pour Amazon.
 
Dès lors, il ne faut pas croire que l'école ait fait l'objet d'une "destruction". Toutes les calembredaines pédagogistes ne sont que des écrans de fumée destinés à en perpétuer la fiction et servir de couverture à ce qu'elle est devenue matériellement : une institution policière, un lieu de pur contrôle social des masses désœuvrées.

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