L'UE n'est pas seulement un Traité mais la superstructure occidentale du Capital. L'appartenance juridique à l'UE doit donc être comprise comme une manifestation extérieure de notre consentement à la servitude, comme un rituel de soumission qui ne contient pas, en lui-même, la substance de ce à quoi nous sommes soumis. Il en résulte que la sortie de l'UE n'est pas la condition suffisante de notre émancipation. Plus exactement, exprimer son projet en terme de "sortie" manifeste qu'on n'aspire à aucune véritable émancipation. Est-ce qu'on "sort" de l'Allemagne nazie ? Est-ce qu'on "sort" de l'URSS ?
La sortie juridique de l'UE ne signifie en elle-même qu'une seule chose : la volonté de rapatrier à l'intérieur de nos frontières le système de domination dont l'UE constitue l'aboutissement logique. C'est non seulement absurde mais impossible.
Ceux qui veulent sortir de l'UE sans que cela ne s'adosse à un projet global d'émancipation (la grande majorité des souverainistes français) n'y parviendront pas. Ils seront lâchés par leurs peuples dès que ces derniers se rendront compte que les promesses de retour à la croissance et au plein emploi, en échange de quoi ils ont vendu cette sortie, sont intenables. Comme en Grèce il y a dix ans, deux jours de queue devant les distributeurs automatiques de billet auront vite raison d'un tel accès d'insolence.
L'UE, comme Carthage, doit être détruite. Ce fait de guerre produirait ce qu'il signifie. Il est le geste vital par lequel un corps politique tel que la France manifesterait et réaliserait son retour à la vie. Plus qu'un jeu d'écritures comptables ou juridiques, qui prétendrait déboucher sur un retour automatique au paradis frelaté des Trente Glorieuses, il s'agirait d'un acte politique qui exprimerait tragiquement notre volonté de reprendre possession de nos existences. Pour cette raison précisément, il est mensonger d'assurer qu'il puisse se dérouler dans la joie et dans la bonne humeur.
L'objectif d'un patriote français ne devrait donc pas se limiter à "sortir de l'UE", comme on saute du Titanic pour aller mourir dans les eaux glacées du Capital. Chronologiquement, la sortie de l'UE n'est pas un commencement mais une fin : un beau jour, après beaucoup de sacrifices, on constate qu'on en est sorti parce qu'elle n'existe plus.
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