QUE VOULONS-NOUS ?
Dans la distance que nous savons ménager avec le récit des autres se situe notre propre volonté d'exister et de peser. Par conséquent, c'est davantage à notre rapport au récit qu'il conviendrait de travailler plutôt qu'au "fact-checking" illusoire des images dont nous sommes assaillis de tous côtés.
Je pose l'alternative suivante.
Ou bien cette guerre est la nôtre et nous arrêtons de nous faire croire à nous-mêmes que nous la faisons en fermant des Leroy-Merlin et des Décathlon - comme nous faisions "la guerre au virus" en enveloppant de rubalises les rayons soquettes de nos supermarchés au printemps 2020.
Ou bien cette guerre n'est pas la nôtre et nous faisons peser sur les deux belligérants, en tant qu'instruments de négociation, la défense de nos propres intérêts.
Pour le moment, nous offrons nos usines à l’État russe et nous renflouons ses caisses en lui réglant ses factures de gaz. Quant à l'Ukraine, tout en nous reprochant de l'acheter, elle se garde bien de fermer ses gazoducs et continue d'empocher, sur notre dos, de copieux droits de péages... En bout de chaîne, les civils que nous prétendons défendre paient le prix de ce jeu de dupes en tant que monnaie d'échange émotionnelle entre deux Empires.
La vérité, la cruelle vérité que nous nous dissimulons à nous-mêmes, c'est que la virulence de nos propos va-t-en-guerre est inversement proportionnelle à notre volonté de la faire : ils ne sont que des surenchères d'allégeance à l'Empire américain, une volonté d'arrimer au parapluie de l'OTAN le financement des retraites allemandes et notre propre renoncement à exister.
Que voulons nous ? Ne plus rien vouloir.
Nous n'aurons plus rien à vouloir, en effet. Mais nous aurons quand même la guerre.
Notre bellicisme est le bêlement des lâches.
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