L’ETERNEL FEMININ

Crise du désir et crise de l’image en Occident terminal Ce 4 novembre, à Téhéran, une jeune femme erre en pleine rue. On ne connaît rien de ce corps perdu sinon l’image que les réseaux sociaux ont arrachée de lui en même temps que la police iranienne le dépouillait de son voile. De l’instant d’avant ni de l’instant d’après on ne sait guère davantage : notre époque adore ces événements sans passé ni futur, ces « chocs d’univocité » par lesquels nos cas de conscience se subliment en épiphanie . La jeune femme est maintenant assise, presque nue, sur le rebord d’un muret. Son bras vengeur défie et transperce une foule d’ombres noires. C’est Athéna aux enfers, Antigone face à Créon, l’étudiant qui défie la colonne de chars sur la place Tian’anmen. Une icône nous est née. Le lendemain, à Paris, dans la même lumière blafarde d’une soirée d’automne, des « Femens » se placardent en sous-vêtements aux grilles du Panthéon. Prise dans ce jeu d’images qui se répondent, l’histoire de l...